Les manuscrits de la Mer Morte, en dix points
Description: Dix points faciles à comprendre sur les manuscrits de la Mer Morte, de leur histoire ancienne à leur impact sur la politique internationale.
- par Laurence B. Brown, MD
- Publié le 09 Oct 2017
- Dernière mise à jour le 17 Feb 2020
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1) Khirbet Qumran, qui veut dire « les ruines de Qumran », sont sises sur un plateau au sommet d’une bordure irrégulière de falaises de roche calcaire près de la Mer Morte. Plusieurs de ces falaises sont parsemées de grottes difficilement accessibles en raison de leur emplacement. À l’Ouest se trouve le désert de Judée et, au Nord, une montagne où se trouvent les grottes numéros 1, 2, 3 et 11.
2) Jusqu’en l’an 68 de notre ère, Khirbet Qumran fut occupé par des juifs esséniens, qui représentaient une des grandes écoles de philosophie juives de l’époque. Leur complexe fut détruit en 68. Des cendres provenant des toits en roseaux de leurs habitations et des pointes de flèches romaines retrouvées sur le site suggèrent une bataille. Le simple fait que personne ne retourna chercher les manuscrits, répartis entre plusieurs grottes, suggère un massacre. Le timing correspond, car la rébellion juive contre l’Empire romain déclencha une guerre qui dura de 66 à 73.
3) En 1947, un berger bédouin découvrit sept manuscrits dans ce que l’on appelle maintenant la grotte numéro 1. Cela déclencha une fouille quasi frénétique. Des archéologues tentèrent de fouiller les grottes de façon scientifique, tandis que des Bédouins les pillèrent dans l’espoir d’y trouver des choses à revendre. En 1952, un dominicain français nommé Roland de Vaux découvrit la grotte numéro 4. Cette grotte contenait plus de 15 000 fragments provenant d’environ 800 manuscrits. Un an plus tard, une équipe internationale constituée de huit érudits s’attela à la tâche d’assembler tous ces fragments, sous la supervision de De Vaux. Treize ans plus tard, en 1966, l’équipe de De Vaux fut publiquement accusée d’empêcher la publication du contenu des manuscrits, car ils avaient découvert que leur contenu allait à l’encontre des enseignements trinitaires de l’Église catholique.
4) Après la Guerre de Six Jours, en 1967, Israël élargit ses frontières jusqu’au Jourdain. Comme le complexe de Qumran faisait partie de ce territoire, il devint la propriété d’Israël, tout comme les manuscrits trouvés dessus. En 1972, un érudit espagnol nommé José O’Callaghan affirma que des fragments trouvés dans la grotte numéro 7 représentaient certains livres du Nouveau Testament. D’autres érudits émirent leur désaccord; selon eux, ces fragments étaient trop petits pour pouvoir y déchiffrer quoi que ce soit. Mais les affirmations d’O’Callaghan excitèrent l’imagination de plusieurs. Voici pourquoi : les Esséniens occupèrent le complexe de Qumran durant plus de trente ans après la mission prophétique de Jésus et leur complexe était situé à moins d’un jour de marche à pied de Jérusalem. Pourtant, aucun des manuscrits de la Mer Morte ne contenait de passages du Nouveau Testament. Ils représentent tous les livres de l’Ancien Testament à l’exception d’Esther, mais jusqu’à maintenant, on n’y a rien découvert qui ressemble de près ou de loin au Nouveau Testament.
5) Tout cela suscita de nombreuses questions : les Esséniens avaient-ils caché des manuscrits du Nouveau Testament ailleurs? Et si oui, pourquoi? Ils étaient, après tout, des juifs orthodoxes. À moins, évidemment, que certains aient été des chrétiens inavoués.
6) En 1984, un des érudits travaillant sur les manuscrits suggéra que le « maître de la vertu » décrit dans certains manuscrits faisait référence soit à Jésus, soit à Jacques, et que son ennemi, décrit comme l’homme du mensonge alias « le mauvais prêtre » est… nul autre que Paul! Cela implique que les manuscrits de la Mer Morte confirment Jésus comme prophète et dévoilent Paul en tant que corrupteur de ses enseignements.
7) Le premier concept menace les fondements du judaïsme, tandis que le second menace ceux de la pensée trinitaire. Pourquoi? Parce qu’un évangile de source juive qui confirme la mission prophétique de Jésus est une menace au judaïsme et, par ricochet, à l’identité nationale israélienne. De même, un évangile qui expose Paul comme celui qui a corrompu les textes chrétiens sur les enseignements de Jésus serait un véritable tremblement de terre pour le christianisme trinitaire : les catholiques, les orthodoxes et certaines dénominations protestantes. Pourquoi? Parce que contrairement à ce que croient plusieurs, Paul n’était pas l’adjoint de Jésus. En fait, les deux hommes ne se sont jamais rencontrés. Et pourtant, après le départ de Jésus, Paul prétendit parler en son nom et les gens au pouvoir crurent ses paroles et le canonisèrent. Mais cela ne fait pas de ses dires des vérités. Toutes les doctrines du christianisme trinitaire sont basées sur les enseignements de Paul, malgré le fait que Jésus n’ait jamais dit qu’il était Dieu, associé de Dieu ou encore fils de Dieu. Jamais Jésus n’a enseigné les doctrines de la trinité, de la crucifixion, de la résurrection et de la rédemption. Toutes ces doctrines proviennent de Paul ou des théologiens qui ont suivi ses traces. Les enseignements de Paul, en fait, contredisent totalement les enseignements de Jésus et le Nouveau Testament nous informe également sur le conflit entre Paul et Jacques, et Pierre et Barnabé.
8) Par exemple, Jésus a enseigné la loi de l’Ancien Testament; Paul, lui, l’a réfutée. Jésus s’est déclaré « fils de l’homme » pas moins de 88 fois. Les théologiens suivant les traces de Paul l’ont nommé « fils de Dieu ». Jésus a enseigné l’unicité de Dieu et Son adoration exclusive. Paul a suggéré la trinité et élevé Jésus au rang d’intercesseur. Jésus a dit qu’il était envoyé aux brebis égarées d’Israël; Paul en a fait un prophète universel. Et on pourrait continuer ainsi.
9) Beaucoup d’émotions et d’excitation, donc, au sujet de ces manuscrits de la Mer Morte. Ces manuscrits décrivent un « mauvais prêtre » qui s’oppose aux enseignements du « maître de vertu ». De nombreux érudits croient que ce « mauvais prêtre » est Paul et que le « maître de vertu » est soit Jésus, soit Jacques. En fait, certains érudits croient même que les manuscrits de la Mer Morte décrivent tout simplement l’excommunication de Paul de l’Église chrétienne de l’époque.
10) Alors voilà qui résume tout l’émoi causé par la découverte de ces manuscrits. Si l’évangile du « maître de vertu » confirme la mission prophétique de Jésus, cela pourrait détruire les fondements du judaïsme. Par ailleurs, le christianisme trinitaire serait également menacé, car il est essentiellement basé sur les enseignements de Paul et non ceux de Jésus. Un évangile qui fait la distinction entre les deux et qui condamne Paul par le fait même ne peut que sonner la fin du christianisme tel que nous le connaissons aujourd’hui. Israël, le Vatican, l’Église anglicane et même le gouvernement américain seraient ébranlés jusque dans leurs plus profondes fondations, puisque le christianisme trinitaire constitue la religion de la majorité et une force politique dominante. On peut alors se demander : jusqu’où ces grandes puissances sont-elles prêtes à aller pour tenir secrètes ces vérités qui ne font pas leur affaire? Seules l’histoire et une évaluation honnête des manuscrits de la Mer Morte répondront à cette question.
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