L’ajustement fin de l’univers (partie 7 de 8): Les univers multiples
Description: Une explication sur comment le naturalisme a mené à l’hypothèse du multivers, suivi d’une critique de l’hypothèse de « plusieurs mondes » par les grands scientifiques. La croyance en plusieurs mondes n’entre toutefois pas en conflit avec la croyance en Dieu, même si l’hypothèse devenait plus tard une théorie.
- par Imam Mufti (© 2016 IslamReligion.com)
- Publié le 23 May 2016
- Dernière mise à jour le 25 Jun 2019
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Il est important de comprendre ce qu’est le naturalisme. Il s’agit de la croyance selon laquelle seules les explications naturelles (par opposition aux explications surnaturelles) doivent être considérées. Parce qu’un designer/Créateur est surnaturel par définition, le naturalisme exclut cette explication, sans égard aux preuves qui l’appuient.
Parce qu’aucune explication naturelle n’a été trouvée pour l’ajustement fin, certains physiciens ont recours à l’idée du multivers (univers multiples) – une explication naturaliste.
L’idée est que s’il existe un vaste multivers, les ressources probabilistes disponibles pour expliquer notre univers finement ajusté par le plus pur des hasards augmentent. Ainsi, plusieurs scientifiques athées sont parvenus à la conclusion que l’ajustement fin a besoin d’une explication à moins que l’existence de plusieurs mondes soit prise en compte.
Selon cette idée, il existerait un très grand nombre d’univers avec différentes conditions initiales, valeurs de constantes et lois physiques. Notre univers ne serait qu’un membre de ce multivers, parmi une infinité d’univers aléatoires. Si tous ces autres univers existaient vraiment, on pourrait espérer qu’ils permettent eux aussi la vie et que les gens qui les habitent aient eux aussi remarqué que leur univers est finement ajusté.
Par conséquent, il ne serait plus nécessaire d’affirmer que notre univers a été finement ajusté pour permettre la vie par le plus grand des hasards, car d’autres univers auraient eux aussi reçu la « combinaison gagnante ». C’est comme une loterie, finalement. Même s’il n’y a qu’une chance sur 10 millions, le numéro gagnant finira par sortir. Selon cette idée, les êtres humains seraient les gagnants d’une « loterie cosmique ». Lorsque leur numéro est tiré, les humains évoluent, jusqu’au jour où, avec du recul, ils peuvent dire « nous avons été chanceux! ».
Quelques observations sur les univers multiples (hypothèse du multivers)
Première considération: Il n’y a pas la moindre preuve démontrant l’existence de ces univers multiples. Par principe, il n’est pas même possible de les observer.[1] C’est la raison pour laquelle cette idée fut très critiquée par la plupart des scientifiques.
John Polkinghorne, de Cambridge, ancien professeur de physique mathématique, a appelé cette idée « pseudoscience » et « une devinette métaphysique ».[2]
Il a également dit : « L’idée des univers multiples est parfois présentée comme purement scientifique alors qu’en réalité, un portfolio suffisant de différents univers ne peut être produit que par un processus spéculatif qui va bien au-delà de ce que la science sérieuse peut honnêtement soutenir. »[3]
Arno Penzias, un physicien américain et gagnant du prix Nobel qui a co-découvert le rayonnement de fond diffus cosmologique et qui a aidé à établir la théorie du Big Bang, parle ainsi de cette hypothèse du multivers : « Certaines personnes sont inconfortables avec un monde créé à dessein. Pour parvenir à un argument contredisant ce dessein, ils ont tendance à spéculer sur des choses qu’ils n’ont jamais vues. »[4]
Martin Rees est un cosmologiste et astrophysicien de Cambridge et ancien président de la Royal Society. Au cours d’une entrevue menée en 2000 par un journaliste scientifique, il a admis que les calculs étaient « hautement arbitraires » et que la théorie elle-même « dépend entièrement d’hypothèses », demeure spéculative et ne peut être soumise à une étude directe. « Ces autres univers nous sont inaccessibles, tout comme l’intérieur d’un trou noir est inaccessible », a-t-il dit. Il a ajouté que nous ne sommes même pas en mesure de savoir si ces univers sont finis ou infinis en nombre.[5]
Richard Swisburne, un éminent philosophe, écrit : « Poser comme principe qu’il existe des milliards de milliards d’autres univers, plutôt qu’un seul Dieu, pour expliquer l’ordre parfait de notre univers m’apparaît comme le sommet de l’irrationalité. »[6]
Deuxième considération: Cette théorie viole le principe du rasoir d’Ockham, selon lequel les hypothèses suffisantes les plus simples sont les plus vraisemblables.[7]
Troisième considération : Toutes les théories connues sur le multivers incluent l’idée de l’ajustement fin. Par conséquent, même l’ajustement fin d’un multivers nécessite une explication. Pour être crédible, un mécanisme plausible doit être suggéré pour les univers multiples. D’où provient le « générateur de multivers »? Un « générateur de multivers » exige un « design ». Il doit être « bien construit », avec des lois précises et posséder les bons « ingrédients » (conditions initiales) pour fonctionner et produire des univers capables de soutenir la vie. Par exemple, si on examine le multivers inflationniste, on voit qu’il exige au moins cinq lois ou mécanismes spéciaux. Qui ou « quoi » a bien pu créer ce générateur hypothétique demeure un mystère.
Par conséquent, l’hypothèse du générateur d’univers ne vient nullement miner l’argument de l’ajustement fin; il le fait plutôt s’élever d’un niveau.
Quatrième considération : Puisqu’un multivers ne peut être observé, comment savoir si les autres univers sont moins ordonnés ou plus chaotiques que le nôtre? Si le seul monde que nous connaissons et que nous pouvons utiliser comme référence est celui dans lequel nous vivons et qui est si finement ajusté, alors, par analogie, les autres mondes doivent avoir été au moins aussi bien conçus que le nôtre. Cela nécessiterait la présence d’un Créateur encore plus puissant.[8]
Cinquième considération : Même si, en ce moment, il n’existe pas de preuve scientifique appuyant la théorie du multivers, il ne semble pas être nécessaire de nier sa possibilité.[9] Tout comme il y a de nombreuses planètes « mortes », au sein de notre univers, il n’est pas impossible qu’il existe également des univers « morts ». Il est intéressant de souligner qu’il existe un important théorème[10] affirmant que même si un multivers ayant produit notre univers existait, il devrait, lui aussi, avoir un commencement! Par conséquent, il est plus facile de l’expliquer par l’œuvre d’un créateur puissant que par le plus pur des hasards.
Pour résumer, l’hypothèse du multivers est purement spéculative. Et en supposant qu’on lui accorde un certain mérite scientifique, il demeure qu’elle est parfaitement compatible avec l’existence d’un Dieu.
Univers ou multivers, peu importe, l’ajustement fin en fait partie. Pile ou face, le Créateur gagne.
Note de bas de page:
[1] 1. « À l’origine, l’hypothèse du multivers fut proposée, pour des raisons strictement scientifiques, comme une solution au prétendu problème de la mesure quantique en physique. Bien que son efficacité, en tant qu’explication au sein de la physique quantique, demeure controversée parmi les physiciens, son utilisation a tout de même une base empirique. Plus récemment, toutefois, elle a été utilisée pour servir d’explication alternative non-théiste pour l’ajustement fin des constantes physiques. Cette utilisation de l’hypothèse semble trahir un certain désespoir métaphysique. » Michael J. Behe, William A. Dembski et Stephen C. Meyer, Science and Evidence for Design in the Universe (Science et preuves pour le design de l’univers) 104, citant Clifford Longley, "Focusing on Theism." (Se concentrer sur le théisme).
2. Yaran, Cafer. 2003. Islamic Thought on the Existence of God. (Pensée musulmane sur l’existence de Dieu) Washington: The Council for Research in Values and Philosophy (Conseil de recherche sur les valeurs et la philosophie). 74.
[2] Polkinghorne, John 1995. Serious Talk: Science and Religion in Dialogue. (Discussion sérieuse : dialogue sur la science et la religion) London: Trinity Press International. 6.
[3] Polkinghorne, John. 1998. Science and Theology.(Science et théologie) Minneapolis: Fortress Press. 38.
[4] Brian, Denis. 1995. Genius talk: Conversations with Nobel Scientists and Other Luminaries (Discussion de genie: conversations avec des scientifiques du prix Nobel et autres grands noms). New York: Plenum Press. 164.
[5] « Malgré tout, dit-il, la théorie du multivers fait partie du cadre de la science. » Brad Lemley, "Why Is There Life?" (Pourquoi la vie existe-t-elle?) Dans une entrevue ultérieure, Rees affirme qu’il est utile, pour les physiciens, de considérer la possibilité d’autres univers. Il ajoute : « Je n’y crois pas, mais je pense qu’il est du devoir de la science de le découvrir. » Voir Overbye, Dennis 2002. A New View of Our Universe: Only One of Many (Une nouvelle vision de notre univers : un parmi d’autres). New York Times. Octobre 29.
[6]Swisburne, Richard. 1995. Is There a God? (Y a-t-il un Dieu?) Oxford: Oxford University Press. 68.
[7] Paul Davies, un physicien théoricien, écrit : « Une autre faiblesse de l’argument anthropique, c’est qu’il semble être l’antithèse du rasoir d’Ockham, selon lequel la possibilité la plus plausible est la plus simple. Invoquer une infinité d’autres univers pour en expliquer un est certainement extrême. Il est difficile de voir comment une construction purement théorique peut être utilisée comme explication, au sens scientifique, d’une caractéristique de la nature. Évidemment, certains trouveront plus facile de croire en une infinité d’univers plutôt qu’en une Déité infinie, mais une telle croyance repose sur la foi plutôt que sur l’observation. » (Davies, Paul. 1983. God and the New Physics (Dieu et la nouvelle physique). New York: Simon and Schuster. 173-174)
Voir aussi Yaran, Cafer. 2003. Islamic Thought on the Existence of God. (Pensée islamique sur l’existence de Dieu) Washington: The Council for Research in Values and Philosophy. 73.
[8] Yaran, Cafer. 2003. Islamic Thought on the Existence of God (Pensée musulmane sur l’existence de Dieu) Washington: The Council for Research in Values and Philosophy. 75.
[9] « … les textes sacrés ne sont pas étrangers au concept de mondes multiples… le deuxième verset du premier chapitre du Coran, que chaque musulman récite plusieurs fois par jour, va ainsi : « Gloire à Allah, Seigneur des mondes », ce qui signifie que Dieu s’occupe de tous les mondes qu’Il a créés.
Yaran, Cafer. 2003. Islamic Thought on the Existence of God. Washington: The Council for Research in Values and Philosophy. 75-76.
[10] Connu comme le théorème de Border-Guth-Vilenkin (BGV).
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