L’intérêt et son rôle au sein de l’économie et de la vie en général (partie 6 de 8) : Les maux liés à l’intérêt I

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Description: Les différentes façons par lesquelles l’intérêt a nui à la société.

  • par Jamaal al-Din Zarabozo (© 2011 IslamReligion.com)
  • Publié le 28 Feb 2011
  • Dernière mise à jour le 28 Feb 2011
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Les maux liés à l’intérêt

Les économistes peuvent bien tenter de justifier l’intérêt de mille et une façons, le véritable test consiste à étudier les effets de l’intérêt.  Il est important de souligner que lorsqu’une chose est interdite par Dieu, cela ne signifie pas qu’il n’y a absolument rien de bon dans cette chose.  En effet, il est possible de trouver certains bénéfices aux choses interdites.  Par exemple, dans le Coran, Dieu parle ainsi de l’alcool :

« Ils t’interrogent sur les boissons alcoolisées et les jeux de hasard.  Dis : « Dans les deux, il y a un grand péché et quelques avantages pour les gens ; mais dans les deux, le péché est plus grand que le profit qu’on en tire. » (Coran 2:219)

Donc, le point essentiel n’est pas de déterminer s’il se trouve quelque bienfait dans une chose, mais plutôt si le mal qui lui est associé l’emporte sur son ou ses bienfaits.  Par conséquent, même si les économistes justifient l’intérêt par quelque bienfait, ce bienfait ne sera jamais plus important que les torts causés par l’intérêt, ce dont nous discuterons ci-dessous.

Même si l’intérêt est considéré comme une forme de paiement à un facteur de production, il possède certaines caractéristiques uniques qui le distinguent des paiements versés à tous les autres facteurs de production.  De par sa nature unique, il mène à des résultats parfois troublants.

Premièrement, l’intérêt entraîne une distribution inéquitable de revenus.  Prenons pour exemple trois personnes.  Supposons que ces trois personnes dépensent tout leur salaire dans une année, mais que la première commence l’année avec 1000$ d’économies, la deuxième avec 100$ d’économies et la troisième sans économies.  À un taux d’intérêt de 10% par an, à la fin de l’année, la première personne possédera 1100$, la deuxième 110$, et la troisième n’aura toujours pas d’économies.  Si le même scénario se poursuit l’année suivante, la première personne aura alors 1210$, la deuxième 121$ et la troisième n’aura toujours rien.  On comprend déjà comment se fait la distribution, entre eux, année après année.  Et si la plus riche des trois personnes arrive à rajouter de l’argent à ses économies, par exemple mille dollars à la fin de chaque année, cette iniquité grandira encore plus.  Cette personne aura 1100$ à la fin de la première année, ajoutera 1000$, toujours à 10% d’intérêt, et récoltera 2310$ à la fin de la deuxième année, etc.  Ce serait une chose si cet argent provenait d’un facteur de production positif; mais en réalité, on ne peut avancer cet argument, dans ce cas-ci.  L’argent que les gens font à travers l’intérêt a peut-être été mal utilisé, perdu ou même volé par les gens qui l’ont emprunté, mais l’intérêt doit tout de même être payé.  Il a peut-être été investi dans un mauvais projet et ne produit donc rien du tout.  Mais tout cela importe peu dans la mesure où l’intérêt doit être payé de toute façon, que le « facteur de production » ait produit quelque chose ou non.  Et cela n’est qu’une seule des caractéristiques uniques de l’argent et des paiements à l’argent.  Personne ne peut prétendre qu’une telle chose soit juste, car il n’en résulte qu’une distribution d’argent inéquitable.

De plus, la distribution de revenus devient de plus en plus biaisée avec le temps.  Pensons aux individus qui investissent des millions, tandis que d’autres n’investissent que des milliers ou des centaines.  La disparité entre leurs revenus d’intérêts sera importante et l’écart grandira chaque année.  En d’autres termes, cela mènera à une situation où le riche continuera de s’enrichir, tandis que le pauvre restera pauvre.  Soulignons que ceux qui sont endettés et qui paient des intérêts augmentant chaque année n’ont pas été inclus dans cette équation.  Dans leur cas, comme les intérêts continuent d’augmenter, une part de plus en plus élevée de leur salaire est dévorée par l’intérêt, creusant l’écart dans la distribution de revenus.

Certains demanderont si une distribution de revenus inéquitable devrait être considérée comme un problème majeur.  Mis à part les effets psychologiques sur les pauvres, qui subissent les campagnes publicitaires mettant l’accent sur le confort matériel et la nécessité de consommer, cela a bel et bien des effets sur l’ensemble du marché.  Dans une économie de marché, la production s’adresse tout particulièrement à ceux qui ont de l’argent, indépendamment du fait que les biens achetés soient nécessaires ou non à la société.  Si les riches exigent et désirent payer plus pour des véhicules utilitaires sportifs et autres véhicules énergivores, ceux-ci seront produits et ce, malgré les protestations des défenseurs de l’environnement.  Et, au fur et à mesure que la distribution des revenus devient de plus en plus biaisée, de plus en plus de ressources sont consacrées aux demandes des classes supérieures.  Comme les ressources sont en quelque sorte « fixes », cela signifie que de moins en moins seront consacrées aux besoins des classes plus pauvres.  De plus, les ressources moindres consacrées aux biens consommés par les pauvres réduisent les stocks et font augmenter les prix de ces biens, aggravant la situation économique des pauvres.  Par exemple, il existe de nombreuses cliniques médicales destinées aux riches (qui peuvent se permettre les traitements offerts), même si elles sont loin d’être nécessaires (comme les cliniques de chirurgie esthétique, entre autres).  Parallèlement, le pauvre arrive difficilement à trouver une clinique pouvant prendre soin de lui et répondant à ses besoins de base.  S’il avait les moyens de payer plus pour ces services essentiels, dans une économie de marché, il y aurait plus de cliniques de ce genre, plus de ressources consacrées aux services essentiels et des prix moins élevés, à plus ou moins moyen terme.  (De plus, cette distribution biaisée a des effets non négligeables sur la santé de la démocratie.  Mais tel n’est pas le sujet du présent article.)

Par ailleurs, le fardeau de l’intérêt, sur les pauvres qui se retrouvent endettés, les place dans une situation où ils ne peuvent plus avancer, socialement et économiquement, creusant, encore une fois, l’écart entre les riches et les pauvres.  L’endettement est en lui-même une situation difficile à vivre pour tout individu.  Et l’intérêt dû sur les dettes fait de celles-ci une cible en constant mouvement dont l’individu n’arrive tout simplement pas à suivre le rythme.  Encore une fois, il s’agit d’un faux facteur de production, qui n’existe que pour permettre aux riches de s’enrichir davantage tout en plaçant un insupportable fardeau sur les pauvres qui sont endettés.  Les lecteurs savent tous à quel point les États-Unis, pourtant le pays le plus riche de la planète, sont devenus une nation endettée.  Et cet endettement n’affecte pas que les classes pauvres, mais la classe moyenne également.  Certains individus ne semblent pas réaliser que s’ils persistent à ne payer que le montant mensuel minimal, sur leur carte de crédit, ils n’arriveront jamais à tout rembourser.[1]  Et bien entendu, ce sont les plus pauvres qui sont les plus touchés.  En fait, le système est entièrement contre eux, car plus un individu est pauvre, pire est sa cote de crédit et plus élevés seront les taux d’intérêt qu’il sera forcé de payer.

Le document de Mirza Shahjahan intitulé Income, Debt and the Quest for Rich America: The Economic Tale of Small and Mid-Sized US Cities (Revenus, dettes et la quête de l’Amérique riche : le récit économique de petites et moyennes villes américaines) est une étude sur la façon dont les dettes et le fardeau des intérêts, qui y est associé, ont affligé une grande partie de « l’Amérique moyenne ».[2]  La détresse des petits fermiers forcés d’emprunter à cause de la chute des prix de leurs produits est bien documentée.  Nombre d’entre eux ont été obligés de donner en gage leurs précieux avoirs ou bien ont perdu leur ferme, qui appartenait à leur famille depuis des générations, parce qu’ils n’arrivaient plus à payer les intérêts sur leurs dettes.  Shahjahan a découvert que certains pauvres dépensent jusqu’à 15% de leur revenu annuel en intérêts seulement (la plupart dépensant entre 8% et 12%).  Et cela, sans compter les appels répétés et les menaces des créditeurs que le pauvre doit endurer.  Dans sa conclusion, Shahjahan écrit :

Le fardeau économique et le fardeau réel de l’endettement font en sorte que de nombreux débiteurs se retrouvent à payer leurs dettes toute leur vie durant.  La dette moyenne des ménages pour la période de 1990 à 1993 était de 32 493$, ce qui équivalait à presque 100% de leur revenu annuel.  Notre estimation de la dette moyenne des ménages per capita, pour la même période, est de 12 571$.  Une dette d’un tel montant, combinée à un emploi précaire et à un faible revenu est souvent source de dépression et a des répercussions psychologiques non négligeables.

Les paiements d’intérêts de certains ménages excèdent 15% de leur revenu total.  Ces intérêts élevés grugent de façon significative le revenu de ces ménages.

La plupart des ménages – des millions, en fait – dans certaines villes moyennes des États-Unis peinent quotidiennement à combler leurs besoins de base.  Des centaines de milliers d’entre eux n’arrivent pas à offrir une vie décente à leur famille ni à offrir à leurs enfants une éducation supérieure.  Ils sont endettés et, pour la majorité, meurent endettés.  À cause de cette situation, ils ont l’impression de ne pas du tout profiter de la vie...

Ces ménages sont pris dans une servitude économique où toutes les routes d’évasion sont bloquées par les autorités institutionnelles.  Acquérir des compétences ou faire des études supérieures pourraient les aider à s’en sortir; mais les études supérieures sont très onéreuses et bien au-dessus des moyens des ménages de ces villes.  Les personnes faisant partie de ces ménages ont peu d’occasions de se perfectionner et arrivent rarement à obtenir les postes qu’elles rêvent d’occuper.  Telle est la nature de la détresse dans laquelle se trouvent les familles de la classe ouvrière dans les petites et moyennes villes de notre pays.[3]



Footnotes:

[1] Shahjahan souligne : « La plupart des ménages ne sont pas vraiment conscients du degré d’érosion de leur revenu, qui résulte des paiements d’intérêts sur leurs dettes. »  Mirza Shahjahan, Income, Debt and the Quest for Rich America: The Economic Tale of Small and Mid-Sized US Cities (Beltsville, MD: Writers’ Inc. International, 2000), p. 103.

[2] Shahjahan, passim.

[3] Shahjahan, pp. 224-236.

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